Cancer du testicule : zoom sur l’étude Radiomics-TGNS
Le cancer des testicules est la tumeur solide maligne la plus fréquente chez les hommes âgés de 20 à 35 ans. Il reste cependant un cancer peu fréquent et représente 1,5 % de tous les cancers de l’homme, avec environ 2 300 nouveaux cas par an. On distingue les tumeurs germinales séminomateuses et non séminomateuses (TGS et TGNS).
En cas d’atteinte métastatique, le traitement standard du cancer du testicule repose sur la chimiothérapie. Pour les tumeurs germinales non séminomateuses, en cas d’atteinte ganglionnaire résiduelle après chimiothérapie et selon leur taille, l’indication est de réaliser une exérèse. Dans 50%, l’analyse définitive ne retrouve pas de cellule cancéreuse viable. Le Docteur Clémence Fournier, ancienne interne et désormais oncologue au Centre a mené une étude novatrice dans le cadre de sa thèse, l’étude Radomics-TGNS, afin d’aider à prédire le caractère malin de ces masses résiduelles.
Prédire le caractère malin des masses ganglionnaires résiduelles
Environ 50 % de ces masses résiduelles ganglionnaires opérées sont bénignes, mais les patients sont tout de même opérés. A ce jour, il n’y a pas de moyen de prédire la nature cancéreuse ou bénigne.
L’étude Radiomics-TGNS, portée par le Docteur Clémence Fournier et encadrée par le Dr Loïc Lebellec, oncologue médical au Centre, a été réalisée avec pour objectif d‘aider à prédire le caractère malin de ces masses, en se basant sur les données des images du scanner post-chimiothérapie ; dans l’idée d’éviter, si possible, un traitement chirurgical et ses complications.
« Autrement dit, grâce à une analyse des images du scanner de ces patients réalisés après une chimiothérapie nous avons pu établir un score afin de prédire le caractère malin ou bénin », précise le Dr Loïc Lebellec.
Ainsi, 76 patients atteints d’une tumeur germinale non séminomateuse (TGNS) avec une atteinte ganglionnaire ont été inclus dans cette étude monocentrique. Par des méthodes statistiques, un score a pu être défini sur une 1ère partie des lésions, puis testé sur le reste.
« Le principe de cette étude est de développer un outil d’aide à la décision médicale dans une situation où certains patients tirent un bénéfice de la chirurgie (lésion maligne persistante) et où d’autres pourraient ne pas l’être (lésion bénigne). C’est dans le même ordre d’idée que l’utilisation des signatures génomiques dans le cancer du sein avec la chimiothérapie adjuvante. » explique le Dr Loïc Lebellec.
Un sujet novateur
« Il s’agit d’un sujet novateur. Bien qu’il s’agisse ici d’une étude avec élaboration d’un score par méthode statistique, d’autres équipes ont travaillé sur le sujet avec des méthodes d’intelligence artificielle, où l’idée, cette fois, est d’entraîner directement la machine à identifier sur l’image, les masses résiduelles malignes à opérer. L’objectif, à travers ce score ou une autre méthode, est de traiter nos patients de manière plus personnalisée … », ajoute le Dr Loïc Lebellec.
Les performances du score élaborées dans le cadre de l’étude Radiomics-TGNS (ou des autres méthodes, comme l’intelligence artificielle) sont bonnes mais, actuellement, elles restent insuffisantes et ne permettent pas de faire évoluer les pratiques standards. « Nous avons besoin de valider ces méthodes sur de plus grands échantillons de patients, et de prendre en compte des paramètres supplémentaires. Il y a en effet probablement des choses à ajouter pour améliorer les performances de ces méthodes. Dans les années à venir, l’idée serait d’éviter une opération non nécessaire grâce à ce type d’analyse » conclut le Dr Loïc Lebellec.