Le cancer du col utérin ou du col de l'utérus est le développement d’une tumeur maligne au niveau de la partie intravaginale de l’utérus.
Le cancer du col de l’utérus est le 10ème cancer féminin par ordre de fréquence en France (2ème dans le monde) et le Nord-Pas de Calais figure parmi les régions françaises métropolitaines les plus touchées par cette pathologie, tous stades évolutifs confondus.
Le dépistage de plus en plus organisé et la vaccination ont considérablement réduit l’incidence de ce cancer depuis 5-10 ans.
Le cancer du col utérin est étroitement lié (dans 99% des cas) à une infection virale par le virus HPV (Papilloma Virus Humain), maladie sexuellement transmissible.
L’infection virale est très fréquente mais l’environnement vaginal s’en défend très efficacement. Pour 1 000 femmes infectées, seules 1 ou 2 développeront la maladie. C’est à l’occasion d’une réduction de l’immunité locale ou de traumatismes répétés du col utérin que le virus entre dans les cellules du col utérin et peut, au fil des mois ou années, dégénérer en cancer. Le pic de fréquence du cancer du col est observé à un âge moyen en France de 51 ans.
Plusieurs dizaines de type de virus HPV sont susceptibles d’être infectant mais seuls une dizaine sont réellement cancérigènes, en particulier les types 16 et 18 qui sont responsables de près de 80% des cancers en France.
Il est important de rappeler avant toute chose l’importance d’un suivi gynécologique régulier : à partir de 25 ans, tous les ans, il est important de consulter (médecin généraliste, sage-femme, gynécologue) pour un examen complet : mammaire et gynécologique.
Le frottis vous sera proposé à 25 ans, à 26 ans puis tous les 3 ans en l’absence de signe clinique ou de facteurs de risque, jusqu’à 65 ans.
En dehors des examens annuels, en cas de symptômes (saignements après les rapports, etc…) il faut consulter pour un examen complet.
Qu’est-ce que le col de l’utérus ?
Le col de l’utérus fait partie du système reproducteur féminin. Le système reproducteur féminin est composé d'organes internes, y compris le vagin, l'utérus, les ovaires et les trompes de Fallope. Il est également composé des organes génitaux externes, y compris les parties qui composent la vulve (le clitoris, les petites et les grandes lèvres). Tous les organes internes sont situés dans le bassin, qui est la partie inférieure de l'abdomen entre les os de la hanche.
Le col de l'utérus est la partie inférieure et étroite de l'utérus. Le col de l'utérus relie le corps principal de l'utérus au vagin.
Le col mesure environ 3 à 4 cm de long. Il est composé principalement de tissu conjonctif et de muscles. Il est divisé en 2 parties principales :
• l’endocol est la partie interne du col de l'utérus qui tapisse le canal menant à l'utérus. Il est tapissé par les cellules glandulaires. Ils sont hauts et en forme de colonnes et sont appelés cellules en colonnes
• l’exocol est la partie externe du col de l'utérus. Il est arrondi et en forme de lèvre et dépasse dans le vagin. Il est tapissé par les cellules squameuses. Ils sont plats et minces comme les écailles d'un poisson.
Les cellules squameuses rejoignent les cellules colonnaires dans une zone du col de l'utérus appelée zone de jonction. Cela s'appelle également la zone de transformation car les cellules cylindriques sont constamment transformées en cellules squameuses, en particulier pendant la puberté et les années de procréation. Les changements précancéreux du col et la plupart des cancers du col commencent dans la zone de transformation.
Qu’est-ce que le cancer du col de l’utérus ?
Le cancer du col de l'utérus prend naissance dans les cellules du col de l'utérus. Une tumeur cancéreuse (maligne) est un groupe de cellules cancéreuses qui peuvent se développer dans les tissus voisins et les détruire. La tumeur peut également se propager à d'autres parties du corps (métastases).
Les modifications des cellules du col de l'utérus peuvent provoquer des lésions précancéreuses. Ces lésions pré cancéreuses peuvent se transformer en vrai cancer du col utérin. L'état précancéreux le plus courant du col de l'utérus est appelé différemment selon la façon dont il est classé ou rapporté. Les classifications les plus courantes des affections précancéreuses du col utérin se réfèrent à la lésion squameuse intraépithéliale (SIL), à la néoplasie intraépithéliale cervicale (CIN) et à la dysplasie cervicale.
Dans certains cas, ces lésions pré cancéreuses peuvent se transformer en cancer du col utérin. Le plus souvent, le cancer du col de l'utérus prend naissance dans des cellules rondes et plates appelées cellules squameuses. Ces cellules tapissent la partie externe du col de l'utérus. Ce type de cancer est appelé carcinome épidermoïde du col de l'utérus. Le cancer peut également commencer dans d'autres cellules, appelées cellules glandulaires. Ce type de cancer est appelé adénocarcinome du col de l'utérus (moins fréquent).
Quels sont les facteurs de risque du cancer du col de l’utérus ?
Les deux principaux facteurs de risque du cancer du col de l’utérus sont le tabac et l’infection par le papillomavirus humain (HPV).
Quels sont les signes qui doivent m’alarmer ?
Les principaux symptômes non spécifiques sont :
- Saignements provoqués (après les rapports sexuels) ;
- Saignements (ou Métrorragies) spontanés ;
- Douleurs pendant les rapports (ou Dyspareunies) ;
- Pertes vaginales (ou Leucorrhées) ;
- Douleurs pelviennes (du petit bassin)
- Douleurs lombaires ou au niveau des fesses
A la suite d’une consultation avec des professionnels de santé (gynécologue, médecin traitant ou sage-femme), la patiente est orientée vers un examen spécialisé pour établir un diagnostic.
Ce diagnostic est toujours posé après une biopsie du col de l'utérus (minime prélèvement du col utérin fait le plus souvent lors de la consultation), celle-ci vous est proposée :
- Soit après une anomalie du frottis cervico-utérin réalisé lors d’une consultation de prévention (sans aucun symptôme)
- Soit parce que vous présentez des symptômes (énoncés plus haut)
Le diagnostic d’un cancer du col utérin repose sur l’examen histologique (microscopique du prélèvement):
- de biopsies
- d’une pièce de conisation (prélèvement partiel du col utérin en forme de cone fait le plus souvent sous anesthesie generale)
- d’une pièce d’hysterectomie (ablation uterus) faite pour une autre raison médicale (myomes utérins, hystérectomie d’hémostase…)
- de biopsies d’une lésion métastatique (lesion suspecte d’etre un cancer à distance du col utérin) (adénopathie, nodule pulmonaire, nodule péritonéal…)
L’examen anatomopathologique précise le type histologique de la tumeur.
Quels sont les traitements du cancer du col de l’utérus ?
Trois types de traitements peuvent être utilisés, seuls ou en association.
La chirurgie consiste à enlever la tumeur et les tissus ou organes voisins. Son étendue dépend de l’extension du cancer : ablation d’un fragment du col de l’utérus (conisation), de l’utérus (hystérectomie), des ganglions lymphatiques… Chez une femme désirant garder la possibilité d’avoir des enfants, une chirurgie conservatrice peut être envisagée. La chirurgie peut être aussi plus lourde dans certains cas et nécessiter une résection concomitante de la vessie ou du rectum qui pourrait bénéficier d’une confection d’une néo-vessie ou d’une plastie vaginale. Tous ces traitements peuvent s’envisager par laparotomie (voie classique), cœlioscopie ou cœlioscopie robot-assistée.
La radiothérapie utilise des rayons ionisants pour détruire localement les cellules cancéreuses. Il peut s’agir d’une radiothérapie externe ou d’une curiethérapie.
La curiethérapie, parfois appelée brachythérapie (du mot grec ‘Brachy’ qui signifie « distance courte »), est une technique de radiothérapie où la source radioactive scellée est placée à l'intérieur ou à proximité immédiate de la zone à traiter. Elle peut s’envisager en préopératoire dans les stades précoces ou en complément de dose à la radiothérapie externe en cas de stades avancées. Elle permet une escalade de dose au niveau de la tumeur tout en préservant les organes pelviens adjacents.
La radiothérapie externe irradie la tumeur ainsi que ces éventuelles extensions pelviennes ou aortiques. Elle est habituellement administrée en étalement fractionnement classique. Il s’agirait de 5 séances par semaine en se reposant les samedis et les dimanches pendant quatre à cinq semaines.
La chimiothérapie utilise des médicaments anticancéreux, administrés par perfusion, qui agissent dans l’ensemble du corps sur toutes les cellules cancéreuses, y compris celles qui ne sont pas repérables par les examens complémentaires. Cette chimiothérapie s’envisage de façon concomitante à la radiothérapie et elle a de ce fait un rôle radio-sensibilisant. Elle peut aussi s’administrer en séquentiel et elle pourrait servir à stériliser les cellules tumorales à distances dans les stades plus avancés.
Vous pouvez bénéficier de la pose d’un port-à-cath® ou PAC qui permet l’administration de chimiothérapie sans nécessiter de pose de voie veineuse à chaque cure.
Tous les traitements proposés peuvent avoir des effets indésirables. Ces derniers vous sont expliqués par le médecin qui vous suit et qui s’assure de leur prise en charge.
Des médecins de spécialités différentes se réunissent lors d’une réunion appelée réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Compte tenu du stade de la maladie (défini par le bilan d'extension) et de vos comorbidités et en s’appuyant sur des référentiels de bonne pratique, ils élaborent une proposition de traitement. Celle-ci vous est ensuite expliquée par le médecin qui vous prend en charge et doit faire l’objet de votre accord. Globalement, les stades précoces sont traités par chirurgie seule ou association radio-chirurgicale. Les stades plus avancés mais qui restent locorégionales seront traités par la radio-chimiothérapie concomitante puis une curiethérapie. Une chirurgie dite de rattrapage peut se discuter si mauvaise réponse. En cas de présentation initiale métastatique le traitement comportera généralement une chimiothérapie systémique.
Il peut également vous être proposé de participer à un essai clinique. Trois essais cliniques sont en cours d’inclusion au Centre Oscar Lambret BEAT-CC, ACCRAPAN et CABOCOL.
BEAT-CC :
Essai de phase III randomisé comparant une chimiothérapie à base de sel de platine, Paclitaxel, Bevacizumab et Atezolizumab à un traitement à base de sel de platine, Paclitaxel et Bevacizumab chez des patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus métastatique (stade IVB), persistant ou en rechute.
ACCRAPAN :
Essai de phase II évaluant une chimiothérapie adjuvante hebdomadaire Carboplatine-Paclitaxel après radio-chimiothérapie concomitante étendue dans le traitement des cancers du col de l’utérus localement avancés avec atteinte ganglionnaire lombo-aortique.
CABOCOL :
Etude de phase II évaluant l’efficacité et la tolérance du Cabozantinib dans le traitement du cancer du col avancé ou métastatique après échec d’un traitement par sel de platine.
Parlez en a votre médecin pour savoir si vous pouvez être inclus.
En plus des traitements spécifiques du cancer, des soins et soutiens complémentaires peuvent être nécessaires face aux conséquences de la maladie et de ses traitements : douleur, fatigue, troubles alimentaires, problèmes liés à la sexualité, besoin de soutien psychologique, problèmes sociaux, soins esthétiques, activité physique adaptée etc. Ces soins, appelés soins de support, sont assurés au sein du Centre Oscar Lambret ou en coopération avec différents acteurs en ville.